Si la France se rapprochait des pays les plus efficaces dans l’adéquation entre la formation et le marché de l’emploi, elle pourrait économiser jusqu’à 43 milliards d’euros par an.
L’Institut économique Molinari publie pour la 1ère fois une étude sur le rapport coût/qualité de l’éducation et de la formation en France.
L’éducation et la formation en France ne sont pas bon marché. Alors que la France dépense 155 milliards d’euros par an, elle n’arrive qu’en 17ème position parmi les 27 pays européens étudiés. L’étude de l’institut économique Molinari compare les résultats de 27 pays européens en termes d’éducation et de formation au moyen de la méthode d’analyse d’enveloppement des données, dite DEA. Cette méthode consiste à sélectionner plusieurs facteurs qui définissent le système d’éducation dans les pays observés – ces facteurs sont appelés « inputs » – et à les comparer aux résultats fournis par le même système d’éducation – ou « outputs ».
Si la France se rapprochait des pays les plus efficaces dans l’adéquation avec le marché de l’emploi, elle pourrait économiser jusqu’à 43 milliards d’euros par an.
30 % d'économie possible dans le primaire
A qualité égale, une économie de 28 milliards d’euros sur les 105 milliards investis dans l’éducation primaire et secondaire serait possible si la France se rapprochait du rapport qualité/prix des pays les plus efficaces. Si la capacité à enseigner un socle commun de connaissance était aussi bonne qu’en Finlande ou Estonie, la France pourrait atteindre le même niveau avec 26 % de dépenses en moins pour le primaire et le secondaire.
La France est aujourd’hui au 16ème rang sur 27 pays en termes de rapport qualité prix. Alors qu’elle dépense 14 % du PIB par tête par élève dans le primaire et le secondaire, moins de 72 % des élèves n’ont aucune difficulté dans la compréhension de l’écrit, en mathématiques et en sciences. L’Estonie et la Finlande dépensent autant (respectivement 15 et 13 % du PIB par tête par élève), mais 83 % des élèves n’ont aucune difficulté.
A qualité égale, une économie de 4 milliards d’euros sur les 31 milliards investis dans l’enseignement supérieur serait possible si la France se rapprochait du rapport qualité/prix des pays les plus efficaces. Si l’intégration des jeunes diplômés sur le marché du travail à 3 ans était aussi bonne qu’en Allemagne, Autriche, Irlande ou Norvège, la France pourrait atteindre le même niveau avec 11 % de dépenses d’enseignement supérieur en moins. La France est aujourd’hui au 17ème rang sur 27 pays en termes de rapport qualité prix. Bien qu’elle ait un taux d’emploi des jeunes diplômés supérieur à 80 %, il demeure plus faible que dans des pays ayant des dépenses d’éducation similaires. Les Pays-Bas et le Royaume-Uni ont des dépenses d’éducation presque identiques à celles de la France en pourcentage du PIB par habitant par élève, mais des taux d’emplois proches des 90 %.
Adéquation avec le marché de l'emploi
À qualité égale, le système français pourrait réaliser 43 milliards d’économies sur les 155 milliards investis dans l’éducation s’il se rapprochait du rapport qualité/prix des pays les plus efficaces dans l’adéquation avec le marché de l’emploi. Cette mesure compare les systèmes selon leur capacité à limiter le décrochage scolaire (le taux de jeunes ni scolarisés ni employés ni en formation), maximiser la proportion de personnes travaillant dans le domaine pour lequel elles ont été formées (le taux d’adéquation) et fournir aux entreprises les profils qu’elles recherchent (le taux d’occupation). Si nous étions aussi bons que la Finlande, l’Islande ou la Norvège, la France pourrait atteindre le même niveau d’adéquation avec 28 % de dépenses éducatives en moins.
La France est aujourd’hui au 21ème rang sur 27 pays. Elle a des dépenses supérieures à celles de la Finlande (27 %), mais obtient des résultats bien plus faibles, avec un taux d'adéquation entre la formation et le marché de l’emploi de 75 % et un taux de jeunes ni scolarisé, ni employé, ni en formation de 13 %. Les dépenses de la France sont très élevées par rapport aux résultats en termes d’insertion et d’adéquation des formations aux besoins, et cela se traduit par un taux important de jeunes abandonnant le système, sans formation, déscolarisés et sans emploi. Lorsqu’on fait la moyenne des notes françaises, l’Irlande, la Finlande et la Norvège forment le trio de tête. La France se situe à la 17ème place sur 27 pays, dans le troisième quartile.
Comment font les meilleurs
Les pays les plus performants dans l’insertion des jeunes diplômés – du secondaire comme du supérieur – dans le monde professionnel ont pour la majorité un système de formation professionnelle, d’apprentissage, et d’alternance considéré comme efficace par les employeurs et les élèves. L’autonomie des enseignants du primaire et du secondaire semble être une caractéristique commune aux pays les mieux classés. L’autonomie est définie comme le degré de liberté des enseignants concernant le contenu de leurs enseignements, le choix des supports et des méthodes utilisées voire les modalités d’évaluation. Un fort niveau d’autonomie favorise la participation des enseignants à la vie de leur école mais aussi la reconnaissance sociale du métier par l’ensemble de la population.