Les taux des fonds en euros – ces supports des assurances-vie plébiscités pour leur garantie en capital – vont-ils à nouveau progresser cette année ?

Les taux des fonds en euros – ces supports des assurances-vie plébiscités pour leur garantie en capital – vont-ils à nouveau progresser cette année ?

Bien que les fonds en euros aient connu une forte hausse de rendement ces dernières années, les perspectives pour 2024 sont moins optimistes. Les assureurs doivent naviguer entre les conditions de marché et leurs stratégies commerciales pour déterminer les taux servis, tout en tenant compte des évolutions des placements concurrents comme le Livret A.

 

Alors, les taux des fonds en euros – ces supports des assurances-vie plébiscités pour leur garantie en capital – vont-ils à nouveau progresser cette année ? Malheureusement pour les épargnants, la réponse sera a priori négative. D’après les premières estimations de Facts & Figures dévoilées le 18 juillet, après avoir servi 2,65 % (après frais de gestion mais avant prélèvements sociaux) en 2023, les assureurs devraient délivrer pour 2024 du 2,50 %, estime à ce stade ce cabinet de conseil spécialisé dans l’assurance.
 

Si la prévision de Facts & Figures se confirme, la baisse de 2024 mettrait fin à deux années de forte hausse du rendement des fonds en euros. « Initialement, pour 2024, nous tablions sur une progression, avec un taux supérieur à 3 %. Mais de nombreux facteurs nous amènent à penser que ce n’est plus plausible », explique Cyrille Chartier-Kastler, fondateur de Facts & Figures. En effet, bien que les cotisations nouvelles permettent désormais aux assureurs d’investir dans des obligations mieux rémunérées que celles en portefeuille, cet effet relutif est lent à se traduire dans la performance. 

 

D’autant plus que les taux des obligations « corporate » nouvellement émises ont tendance à être plus faibles en 2024 que lors des émissions obligataires de 2023.
 

Les perspectives du cabinet sont encore plus sombres pour les autres composantes des fonds en euros. « Nous considérons que, en 2024, la poche actions ne contribuera pas positivement au rendement de l’actif général [autre nom du fonds en euros, NDLR] comme elle l’avait fait en 2023. Nous anticipons au contraire une forte correction du marché actions à l’automne », explique le fondateur de Facts & Figures. Dans ses hypothèses, le cabinet intègre une baisse du CAC 40 de 10 % à 15 % en 2024, après un premier semestre plus favorable.
 

Décision politique
 

Toutefois, les taux servis ne dépendent pas seulement des conditions de marché mais aussi de la stratégie commerciale des assureurs. En 2023, leur enjeu était d’éviter que les assurés délaissent massivement les fonds en euros au profit de supports au profil de risque semblable, mais potentiellement mieux rémunérés, comme le Livret A à 3 %. 

 

Dans ce contexte, les compagnies n’ont donc pas hésité à puiser dans leurs réserves pour augmenter artificiellement le taux de leurs fonds en euros. Résultat, alors que le taux moyen servi a dépassé 2,6 % pour 2023, le rendement financier réel de l’actif général n’était que de 2,3 % l’an dernier, d’après Facts & Figures. « Cet écart facial de 0,3 point représente véritablement un très gros effort financier pour les assureurs », commente Cyrille Chartier-Kastler.
 

Autre facteur poussant à une baisse des rendements à l’avenir, les placements concurrents du fonds en euros devraient devenir progressivement moins attractifs. Facts & Figures s’attend à ce que le taux du Livret A, figé à 3 % par Bercy jusqu’en janvier prochain, baisse de 0,25 ou 0,50 point au 1er février 2025. Le cas échéant, il devient plus facile aux assureurs d’annoncer aux épargnants une baisse de leur rémunération. Le nouveau taux du Livret A étant connu mi-janvier, il est donc fort probable que les compagnies patientent jusque-là pour officialiser leur politique de rendement 2024.