L’ACPR avait appelé les assureurs proposant des contrats d’assurance-vie à renoncer à leurs fonds en euros afin d’orienter les épargnants vers des fonds en unités de compte (UC) plus risqués et plus rémunérateurs. Le moins que l’on puisse dire est qu’il a été entendu. Certains assureurs annonce déjà leur retrait de ce marché. Faut-il s’en inquiéter ?
L’ACPR, par la voix de son vice-président, avait appelé les assureurs proposant des contrats d’assurance-vie à renoncer à leurs fonds en euros afin d’orienter les épargnants vers des fonds en unités de compte (UC) plus risqués et plus rémunérateurs. Le moins que l’on puisse dire est qu’il a été entendu. Certains assureurs, à l’image de Generali, annonce déjà leur retrait de ce marché. Faut-il s’en inquiéter ?
Selon Albert d’Anthoüard, Directeur de la clientèle privée de la Fintech Nalo « d’autres assureurs vont suivre cette tendance. En effet, le fonds euros ne doit pas être perçu comme une potion magique pour l'épargne des Français, mais comme une classe d'actifs à part entière dans une allocation et qui doit être utilisée comme telle, pas autrement.
Les épargnants disposent de 1 700 milliards d’euros sur les contrats d’assurance-vie en 2018, dont 1 354 milliards sur des contrats en euro (source FFA) Ces derniers, parfaitement liquides et sécurisés, sont gérés directement par les compagnies d’assurance-vie qui garantissent le capital à leurs clients. En 2018 les fonds en euros ont rapporté, en moyenne, 1,83 % (source FFA), nets des frais de gestion (entre 0,35 % et 1 % par an selon les contrats), mais bruts des prélèvements sociaux (17,20 % actuellement) et des éventuels prélèvements fiscaux.
Des performances stables sur 3 ans
Un chiffre plutôt stable depuis 3 ans, mais cette moyenne cache de fortes disparités. Le rendement moyen des contrats bancaires est de 1,71 % net de frais de gestion, celui des assureurs traditionnels est de l’ordre de 2 %, voire 2,50 %. À titre de comparaison, les UC ont bouclé l’année 2018 avec une performance moyenne de -8,9 % selon la FFA, contre +5,3 % en 2017.
La proportion de contrats d’assurance-vie investie sur les fonds en euros, les plus sécurisés, a fortement diminué ces dernières années au profit des contrats investis en unités de compte (UC) qui comportent un risque de perte en capital. Selon la Fédération Française de l’Assurance (FFA), ils représentent 70 % des nouveaux versements. Pour mémoire, la collecte nette (dépôt – retrait) sur les sept premiers mois de l'année atteint presque les 17 milliards d'euros. « Les assureurs vie gèrent bien leurs fonds en euros classiques et disposent de réserves pour diversifier leurs investissements au sein de ces supports. Ils ont encore la capacité à absorber quelques années de taux d’intérêt bas », explique l’expert en assurance-vie Cyrille Chartier-Kastler du cabinet Good Value for Money.
Avec une inflation à 1,80 % entre 2017 et 2018, le pouvoir d'achat des épargnants qui ont souscrit les plus mauvais contrats en euros n'est plus protégé même si l’assurance-vie en euros conserve encore un temps d’avance sur les autres produits d’épargne garantis qui rapportent moins de 1 %. C’est le cas du livret A bloqué à 0,75 % ou les livrets bancaires qui plafonnent à 0,50 %.
Les épargnants ont privilégié le fonds en euros ces 40 dernières années. Cependant, le durcissement de la réglementation bancaire en matière de fonds propres amène les banquiers et assureurs à détourner les Français de l’enveloppe en euros. Car ces derniers, comptabilisés dans le bilan, des banques, les obligent à faire des provisions pour faire face aux demandes éventuelles de remboursement. A l’inverse, les UC sont inscrites dans le bilan des assureurs.
Si elles rapportent généralement plus aux investisseurs, les unités de compte (UC) sont également plus intéressantes pour les assureurs car ils prélèvent plus de frais. L’épargnant paye des frais d’entrée sur les versements et des frais de gestion annuels dans les deux cas, mais s’y ajoutent des frais d’arbitrage pour les unités de compte.
Des systèmes de bonus-malus sur les contrats en euros
Pour convaincre les épargnants, les assureurs développent des systèmes ingénieux, comme des primes sur les contrats en euros (+10 % sur le rendement, par exemple), qui se déclenchent lorsqu’ils choisissent des « unités de compte ». Plus radicaux, certains assureurs préfèrent se montrer dissuasifs. Ils augmentent les frais de versement sur les contrats en euros en les faisant passer de 1 à 3 %, par exemple. Compte tenu des rendements en baisse sur les fonds en euros le risque pour l’épargnant est de perdre de l’argent la première année.
Lorsque vos contrats en euros obtiennent de bons rendements, il est conseillé de les conserver et de diversifier parallèlement votre épargne avec des contrats en unités de compte. Pour optimiser les contrats d’assurance-vie en euros les moins performants profitez de leur fiscalité avantageuse.
- Effectuez les retraits après 8 ans
- Profitez des abattements annuels (4 600 € pour un célibataire, 9 200 € pour un couple) en privilégiant des retraits partiels.
- Laissez sur votre fonds en euros le minimum requis par votre assureur pour percevoir le rendement réel de votre assurance-vie (au prorata de la durée d’investissement), crédité sur votre contrat en début d’année suivante. En cas de retrait total, seul le minimum garanti par l’assureur (de l’ordre de 1 %) vous sera versé quel que soit le rendement obtenu par votre contrat.
- Faites un retrait en début d’année pour bénéficier de la totalité de la rémunération
Avec la loi Pacte, le transfert partiel ou total d'un contrat investi en fonds euros ou en unités de compte en un contrat d'assurance-vie de nouvelle génération, investi en totalité ou en partie en unités de compte, devient possible (pas de contrainte de minimum d'investissement en euros). Toutefois, l'opération ne peut s'effectuer qu'au sein de la même compagnie. Il n'est pas possible de transférer un contrat d'assurance-vie d'un assureur à un autre. Dès lors, l'opération de transfert n'entraîne pas les conséquences fiscales d'un rachat et fait bénéficier le nouveau contrat de l'antériorité fiscale du contrat ainsi transformé.