La faillite de la banque américaine Silicon Valley Bank est un choc déflationniste, selon les experts du cabinet Asterès.
La faillite de la banque américaine Silicon Valley Bank est un choc déflationniste, selon les experts du cabinet Asterès.
Une crise bancaire n’est jamais souhaitable au vu des risques de contagion et de blocage du financement de l’économie qu’elle implique.
Cependant, alors que l’inflation est le principal sujet de préoccupation en Europe, la crise bancaire américaine peut aider à freiner la hausse des prix : les matières premières sont orientées à la baisse depuis plusieurs jours, l’euro est plutôt en hausse et même une politique monétaire plus accommodante n’est pas nécessairement, dans ce contexte, inflationniste.
Prix des matières premières : en baisse depuis plusieurs jours
La crise bancaire américaine entraîne une baisse du prix des matières premières. Du fait du risque qu’elle fait planer sur le financement de l’économie et sur la croissance, la faillite de Silicon Valley Bank pourrait conduire à une baisse de la demande de matières premières, ce qui conduit à une baisse des prix.
Ainsi, le pétrole (brent), est en baisse depuis le déclenchement de la crise bancaire américaine en fin de semaine dernière : il se situait aux alentours de 75 dollars le 15 mars, soit le plus bas depuis décembre 2021. Le gaz et le charbon sont également orientés à la baisse depuis quelques jours.
Taux de change : appréciation de l’euro
L’euro s’est apprécié par rapport au dollar, ce qui limite l’inflation importée. La crise bancaire américaine a conduit à une appréciation de l’euro du fait du changement d’anticipation de la politique monétaire américaine. Les difficultés de Silicon Valley Bank étaient entre autres causées par la hausse des taux qui a diminué la valeur des titres de dette publique détenus par la banque (le prix des obligations évolue en sens inverse des taux). Ainsi, les marchés anticipent une moindre hausse des taux de la Federal Reserve, diminuant ainsi la rentabilité des placements en dollar et conduisant logiquement à une appréciation de l’euro. Un euro plus élevé favorise la baisse de l’inflation en Europe puisqu’il entraîne une baisse du prix des importations (notamment le pétrole libellé en dollar).
Politique monétaire : un assouplissement pas forcément inflationniste
La crise bancaire pourrait conduire à un assouplissement relatif des politiques monétaires qui n’entraînera pas nécessairement à une accélération de l’inflation. Les banques centrales, tant américaines qu’européennes, sont engagées dans un processus de hausse des taux destiné à brider l’inflation. La crise bancaire pourrait arrêter ou freiner ce mouvement car la hausse des taux, en réduisant la valeur des titres détenus par les banques, est une des causes de la crise bancaire.
Une politique monétaire plus accommodante (ou moins restrictive) qu’attendu pourrait être préjudiciable à la lutte contre l’inflation. Cependant, la logique de la hausse des taux est de freiner l’inflation en limitant l’octroi de crédit, puisque ce dernier devient plus cher. Une crise bancaire, en limitant la capacité d’octroi de crédit par les banques, est donc déjà en soi déflationniste. Le relâchement de la politique monétaire en cas de difficultés des banques ne vise donc pas tant à relancer le crédit (source d’une inflation accrue) qu’à éviter un blocage trop brutal du financement de l’économie.