La baisse ou la suppression des péages est-elle une mesure à même d’accroître significativement le pouvoir d’achat des classes populaires et moyennes ?
La baisse ou la suppression des péages est-elle une mesure à même d’accroître significativement le pouvoir d’achat des classes populaires et moyennes ?
Les péages sont principalement payés par les entreprises et par les Français les plus aisés (qui se déplacent plus). Ainsi, une éventuelle suppression des péages génèrerait un gain de pouvoir d’achat annuel total de 1,1 milliard d’euros pour la moitié des ménages les plus modestes, mais coûterait 5 milliards d’euros à l’Etat en perte de recettes fiscales. Une baisse de 10 % des péages (qui correspondrait à une division par deux des marges des sociétés autoroutières), engendrerait un gain de pouvoir d’achat moyen limité à 14 € par an et par ménage, et de seulement 7 € pour la moitié des ménages les plus modestes.
Les péages sont une dépense principalement réalisée par les ménages les plus aisés. D’après les estimations d’Asterès, un ménage français dépense pour les péages autoroutiers 135 € par an en moyenne. Ces dépenses sont très inégalement réparties selon le niveau de vie : les 50 % des ménages français les plus modestes dépensent en moyenne 71 € par an pour les péages, contre 374 € (soit environ 5 fois plus) pour les 10 % des ménages les plus aisés.
Supprimer les péages : 1,1 milliard d’euros de gain de pouvoir d’achat pour les 50 % des ménages les plus modestes pour un manque à gagner de 5,0 milliards d’euros de recettes fiscales. Le total des péages sont payés pour 9 % par la moitié des ménages les plus modestes, pour 24 % par la moitié des ménages les plus aisés et pour 67 % par des entreprises (camions
La suppression des ménages serait ainsi plus une aubaine pour les ménages aisés et les entreprises que pour les classes populaires et moyennes. Les recettes des péages sont prélevées à 40 % par l’État sous forme d’impôts et taxes. Ainsi, une suppression des péages, si elle permettrait un gain de 1,1 milliard d’euros pour la moitié de la population la plus modeste, entraînerait une perte de recettes fiscales près de cinq fois supérieure.
Une division par deux de la marge des sociétés d’autoroute génèrerait un gain de pouvoir d’achat de 14 € par an et par ménage, et de 7 € pour la moitié des Français les plus modestes d’après les estimations d’Asterès.
Les profits des sociétés autoroutières, réputés excessifs, sont régulièrement pointés du doigt. Asterès n’étudie pas dans la présente note le caractère excessif ou non des profits des sociétés autoroutières, débat complexe qui mériterait une étude approfondie, et se limite à estimer les gains de pouvoir d’achat à attendre d’une éventuelle contraction des marges des sociétés autoroutières. En postulant arbitrairement, à titre d’illustration, que l’Etat décidait de réglementer les prix des péages et de les réduire jusqu’à diviser par deux la marge actuelle des sociétés autoroutières, il serait nécessaire de diminuer les prix des péages de 10 %7. Une baisse du prix de 10 % des péages génèrerait un gain de pouvoir d’achat annuel d’environ 14 € par ménages, et d’environ 7 € pour la moitié des ménages les plus modestes.