Le 1er mars marque officiellement l’entrée en vigueur de la réforme du label ISR, introduisant des changements significatifs dans le paysage des investissements.
Le 1er mars marque officiellement l’entrée en vigueur de la réforme du label ISR, introduisant des changements significatifs dans le paysage des investissements.
Les nouveaux critères imposés aux fonds d’investissement désireux d’obtenir ce label tant convoité, qui garantit l’intégration des principes environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), vont redéfinir les normes de sélection. Les fonds déjà en activité auront jusqu’à la fin de l’année pour se mettre en conformité avec ces nouvelles exigences.
La mise en place de ces mesures représente un défi de taille pour les sociétés de gestion. Selon les données de l’expert en épargne salariale, Epsor, la moitié des fonds labellisés ont investi dans des énergies fossiles en 2023, une pratique désormais exclue par la nouvelle version du label. Ainsi, de nombreux fonds devront revoir leur stratégie. « TotalEnergies, présent dans un fonds sur cinq parmi les plus représentés, se trouve dans une position délicate », souligne Epsor.
Outre ces restrictions, de nouvelles contraintes viennent s’ajouter, telles que l’exclusion de 30 % des entreprises les moins vertueuses de l’univers d’investissement, une augmentation par rapport au seuil précédent de 20 %. Des engagements plus précis lors des assemblées générales sont également exigés, ainsi qu’une pondération minimale de 20 % pour chaque pilier de l’ESG dans l’évaluation des sociétés. « Cette approche force à prendre en compte tous les aspects », explique Michèle Pappalardo, présidente du comité du label ISR.
Au-delà des considérations sur le maintien ou non d’entreprises telles que TotalEnergies dans les portefeuilles (dont le cours a augmenté de plus de 50 % en trois ans, alimenté par les tensions géopolitiques), les gestionnaires se retrouvent confrontés à une charge de travail et à des coûts supplémentaires pour conserver le label.
Dans certaines sociétés de gestion, les décisions ont déjà été prises. Chez AXA IM, la majorité des 72 fonds labellisés ISR ne subiront pas de modifications fondamentales, tandis que les autres choisiront de renoncer au label. Amundi, leader européen du secteur, évalue encore l’impact des nouvelles exigences du label sur ses produits et sa mise en œuvre.
Le rapport entre les coûts et les bénéfices sera scruté attentivement. Pour certains gestionnaires, l’effet du label sur la collecte de fonds reste relativement faible. « Le label a pu stimuler la collecte en 2019, lorsque les assureurs ont été contraints de proposer au moins un fonds labellisé dans leurs contrats d’assurance-vie, mais depuis, son impact est limité, car il couvre désormais un large éventail d’investissements », explique Philippe Zaouati, directeur général de Mirova.
La réforme du label ISR répond notamment à une nécessité de clarification. La présence de grandes entreprises pétrolières, entre autres, brouillait le message pour les épargnants désireux d’investir de manière responsable.