Augmentation des taux : faut-il s’inquiéter de la remontée des taux immobiliers au premier trimestre 2022 ?
Augmentation des taux : faut-il s’inquiéter de la remontée des taux immobiliers au premier trimestre 2022 ? Éléments de réponse de la Centrale du Financement.
Le début de l’année 2022 témoigne de la fin de la tendance à la baisse des taux immobiliers. Alors que l’année 2021 a été marquée par une chute record des taux, en moyenne à 1,05% en décembre, on assiste désormais à leur retour à la hausse, avec des taux moyens avoisinant 1,25%.
Un emprunteur contractant un prêt d’un montant de 180 000 € sur 20 ans à 1,03 % verra sa mensualité s’élever à 826,92 euros pour un coût total de crédit de 18 460,80 euros, soit 5.42 % de plus qu’en début d’année (correspondant à une hausse de 950 euros) pour un prêt de la même durée et du même montant.
950 euros en plus pour l’emprunteur
La tension sur les taux s’explique par le contexte économique : les taux de l’OAT 10 ans (obligations assimilables du Trésor) connaissent une augmentation, due à la hausse de l’endettement français.
Ces taux, qui servent d’indicateurs de référence, viennent de franchir la barre des 1 % pour la première fois depuis cinq ans.
À cela s’ajoute une inflation forte en France, qui pourrait atteindre 3,5% au premier trimestre 2022. Il faut également garder en tête que la guerre en Ukraine, en impactant le cours du pétrole, va sûrement renforcer cette onde de choc inflationniste.
Les taux immobiliers, étant corrélés à l’inflation et au taux des OAT 10 ans, suivent donc cette évolution croissante. Cependant, la hausse devrait rester limitée et ne pas dépasser 30 centimes de plus qu’en 2021, n’entraînant donc qu’un impact limité sur le marché immobilier. Cette tendance à l’augmentation des taux devrait même être moins importante que ce qui était initialement envisagé par les acteurs du domaine.
Cette orientation naturelle est accentuée par une réaction des banques face à une forte demande d’emprunt, conséquence directe des confinements et de la volonté des Français de trouver l’habitat idéal. Pour réguler les marchés immobiliers et brider cette augmentation de la demande, les banques vont augmenter les taux immobiliers et mieux encadrer les crédits.
Cependant, les taux immobiliers maintiennent leur attractivité, et la tendance à la hausse pourrait même, d’après Sylvain Lefèvre, président de La Centrale de Financement, permettre de s’ancrer dans une future tendance de baisse des prix du marché immobilier.
“La hausse des taux va limiter l’accès à la propriété, écartant ainsi de nombreux potentiels acquéreurs. Cette diminution de la demande de biens va réduire les tensions sur les prix immobiliers dans certaines zones tendues, comme Paris, et permettra de redistribuer les cartes entre acquéreurs et vendeurs.
En équilibrant davantage l’offre et la demande, les acheteurs verront leur pouvoir de négociation augmenter. La mise à l’écart d’une partie de la demande de biens immobiliers pourrait donc aboutir à une diminution des prix des biens. “ explique-t-il.
Cependant, il faut garder en tête que les conditions d’octroi du crédit immobilier ont connu des changements depuis le 1er janvier 2022. De nouvelles normes HCSF ont été mises en place (taux d’endettement des ménages à 35%, durée maximale du crédit de 25 ans) et pourraient, elles aussi, complexifier l’accession au logement pour certains profils d’acquéreurs. Des solutions de financement comme les prêts-relais pourraient néanmoins permettre de répondre aux besoins des acquéreurs.
Ce type d’emprunt de courte durée vise à obtenir une somme importante d’argent pour acquérir un logement avant d’avoir vendu son bien immobilier précédent, ce qui permet davantage de flexibilité.